HEP: analyser, revendiquer, critiquer, confronter
Demander + pour gagner + : Stagiaires A avec charge de famille, doublez votre rémunération!
Pour les stagiaires A, qui reçoivent leur paie de la HEP directement, c’est le Département de la formation, de la jeunesse et de la culture (DFJC) qui détermine les montants forfaitaires de la rémunération. En l’occurrence, le texte de référence est la «Décision 121» du DFJC, consultable sur le site de l’Etat de Vaud. Pour les formations BP, MS1 et MS2, cette Décision 121 précise que l’indemnité semestrielle pour le stage professionnel est de 7200frs. Elle dit aussi, et c’est très important, que «si [l’étudiant-e] a charge de famille, il [/elle] peut demander un supplément d’indemnité d’un montant au plus équivalent à celle-ci. Le Département décide, en équité, de l’attribution du supplément et de son montant.»
Etudiant-e-s avec charge de famille, écrivez sans délai au DFJC (Rue de la Barre 8, 1014 Lausanne) pour demander un supplément de 7200frs à votre rémunération semestrielle, et la porter ainsi à 14’400frs! (Et tenez-nous informé-e-s des résultats de votre démarche par email [info@sud-ep.ch], pour que nous ayons un peu de visibilité sur les pratiques du DFJC.)

(In)satisfaction(s)
COVID est passé par là… Le semestre passé a été quelque chose d’extrêmement intense, souvent dans le mauvais sens du terme. Mais la HEP le dit: trois quarts de ses étudiant-e-s ont trouvé «satisfaisant» ce qu’elle a mis en place le semestre passé. Nous qui sommes dans l’enseignement, nous savons que «satisfaisant», c’est tout juste la moyenne, c’est 4 ou c’est E. C’est peu. Et il y a donc bien un quart des étudiant-e-s qui sont vraiment mécontent-e-s. Qu’on nous permette de l’affirmer: ce n’est pas qu’à cause du COVID qu’il y a si peu de satisfaction. C’est parce qu’il y a, dans le fonctionnement de la HEP (et depuis qu’elle existe), une marge d’amélioration à peu près infinie! Prenons ce problème à bras le corps,
et traitons-le!
Parmi les mille et une choses à dire, concentrons-nous ici sur les étudiant-e-s et sur ce volet central de leur cursus: les stages.
Jusqu’à deux ans de travail gratuit
C’est une rengaine générale. Le prétexte de la formation sert à mettre au travail les gens dans des conditions dégradées: le misérable salaire des apprenti-e-s; les petits jobs mal payés à côté des études; les stages et leur rémunération aléatoire, partout ou presque, dans les hautes écoles… A la HEP, on constate les choses suivantes, qui ne sont pas isolées: il y a des stages qu’on appelle «d’observation» et qui, à ce titre, ne sont pas
considérés comme des stages «professionnels». Ces stages « d’observation» obligatoires, tout le monde fait comme si ce n’était pas du travail, comme si l’on ne bossait pas. C’est faux. C’est du temps contraint, c’est une charge physique et mentale, c’est de l’investissement, c’est de l’intervention, de l’interaction, des réalisations: c’est du travail!
Pour les étudiant-e-s de la HEP en stage A, il y a entre six mois (MS2) et deux ans (BP) qui ne sont pas rémunérés: ce sont ces stages «d’observation», «sans responsabilité» ou à «moindre responsabilité», qu’on postule «non-professionnels». Pendant la moitié (ou plus!) des cursus, il y a des stages, mais pas de rémunération. Zéro, que pouik, nada! Pourtant il y a quand même des séquences à préparer, des petites choses à faire, par-ci, par-là… dans certains cas, il y a même beaucoup à préparer – ça dépend largement du ou de la Prafo. Mais ce n’est pas qu’une question de tâches (observer, «partager la responsabilité» du/de la Prafo, produire les planifications, enseigner, etc.): se former est un travail en soi. Mais ce n’est pas du travail reconnu.
Un peu d’expérience, beaucoup de soumission
Il y a une arnaque fondamentale là au milieu. Ce n’est pas une histoire de «production effective» ou «quantifiable», ce n’est pas une histoire de «combien de travail donne droit à combien de pognon» : il faut prendre le problème par l’autre bout. C’est un problème politique de soumission de la main d’œuvre, d’antidémocratisme dans la fixation des revenus, de procédés de dépossession de nos vies.
Dans ces questions de stage, il y a une vérité indéniable: quand tout se passe bien, tout va très bien. Et le contraire est doublement valable: quand tout va mal, tout va très mal. Combien sommes-nous à avoir demander à la HEP de l’aide pour une situation de stage compliquée et problématique? Combien sommes-nous à avoir subi l’injuste revers que notre interpellation légitime de la HEP se retourne contre nous? Beaucoup, assurément.
Une politique de l’autruche?
La HEP dépend du bon vouloir des Prafos pour placer ses étudiant-e-s. Elle ne souhaite donc surtout pas brouiller ses rapports avec les Directions dont dépendent les Prafos. C’est une histoire de fou, où les institutions font les autruches: dans ce jeu d’interdépendance, personne n’assume ses responsabilités et ce sont les étudiant-e-s qui en payent le prix fort. Se plaindre est dangereux parce que ça met la validation de notre formation en danger. Se plaindre est inutile parce que personne ne peut/veut agir à la HEP, dans les établissements de stage… Se plaindre, c’est aussi de l’épuisement supplémentaire, excédentaire parfois. Pour ce qui nous concerne, c’est une politique de résignation forcée, de courbage d’échine imposé! Alors quoi? Alors une seule solution: la lutte et la confrontation pour avancer vers une résistance collective efficace, au service de nos intérêts!
Résister, s’organiser, revendiquer!
Ces problèmes qui traversent nos vies et que nous partageons, il nous faut en faire quelque chose. Ensemble, de façon organisée. Il nous faut lever la tête. N’attendons pas qu’un groupe d’élu-e-s éclairé-e-s prennent en charge la défense de nos intérêts, dans un élan de mystérieuse solidarité. Disons les problèmes, construisons les solutions: il nous faut agir, proposer, imposer nos revendications, œuvrer à les concrétiser!