La trappe à satrapes – Brèves locales et pittoresques
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La camérarbre. Fable plutôt factuelle.
Il y a cette tradition, par ici, de monter un sapin sur le toit d’un bâtiment en construction pour marquer la fin du gros-œuvre (ou du second-œuvre, mais qu’importe). Sur le toit de Géopolis, par chance, se trouvait donc un sapin. La police cantonale, pour démasquer l’odieux/euse coupable, le ou la terroriste de classe internationale qui avait commis quelques tags sur le béton moche tout moche très moche de l’arrêt Mouline du M1, plaça donc une caméra, camouflée derrière le sapin (malin, ça !). Par grand vent, le sapin vint à s’envoler, fiiutt ! (ceci n’est pas prévu par la tradition). Quelques yeux d’aigle découvrirent alors la caméra, et s’en inquiétèrent… (alors qu’il s’agit, dans le cas d’une enquête, d’un dispositif de police tout à fait légal, sans besoin de notification aux filmé-e-s, voui msieurs-dames). Mais bref, morale en alexandrins : Si par vent le jonc plie, et le chêne se brise / Le sapin, quant à lui, vole et… quelle surprise !
Puisque j’vous l’dis. Le fantôme de la caméra.
Plusieurs membres de la communauté universitaire s’étaient donc étonné-e-s, au printemps 2014, de la présence d’une caméra sur le toit de Géopolice, orientée vers le passage sous-voie de l’arrêt de métro Mouline. Quelques-un-e-s avaient questionné la direction à ce sujet. SUD s’était fendu d’une lettre au rectorat. Nous reçûmes réponse d’un vice-recteur dont nous tairons le nom par respect, soumission et conscience hiérarchique, qui nous affirmait, benoît et sans ronger son frein, que la caméra ayant été enlevée, notre lettre était «sans objet» (!). Une lettre sur un sujet dont l’objet fait défaut ne saurait, objectivement, nécessiter de sa seigneurie une explication à ses assujetti-e-s. Logique.
Assistant-e-s étudiant-e-s: ya pas besoin d’avoir fait la Sorbonne!
Les assistant-e-s étudiant-e-s de l’UNIL ont bénéficié d’une revalorisation salariale dès le début de 2015. C’était quelque chose que SUD avait demandé à la Direction et au Canton. Bon. Mais nous avions d’autres revendications, comme la reconnaissance par l’Université des diplômes qu’elle délivre (ben oui…), et donc l’instauration d’une progression salariale liée au diplôme obtenu chez les assistant-e-s étudiant-e-s (ça se fait à Neuch!). Eh ben non. Les concerné-e-s seront flatté-e-s de savoir que le Conseil d’Etat vaudois (et par suite l’Université) estime que leur boulot repose avant tout sur leur «connaissance du cursus d’études», et en aucun cas sur l’utilisation des savoirs acquis au cours de leurs années de formation, sanctionnés par les diplômes. Faut-il être gonflé ! Il y aurait sans doute quelques lettres à écrire pour décrire le travail qu’abattent les assistant-e-s étudiant-e-s…
Publication des directives: pour une publicisation secrète réussie.
Après le bref temps de vie de la directive 5.4 qui prétendait bâillonner l’affichage à l’UNIL, née dans le plus grand secret, et retirée suite à une forte mobilisation (y’en a encore pour dire que l’utilité de la mobilisation est un délire d’utopistes crypto-gauchistes…), SUD avait demandé que l’annonce des nouvelles directives soit désormais faite publiquement. Réponse de la direction : Foin de tout ça ! personne n’est censé ignorer le règlement, à chacun-e de se tenir au courant. Ben voui quoi, trouvez donc un peu de temps tous les jours, entre les études, le job, les stages et les chagrins d’amour, pour passer en revue les centaines de directives, accessibles, publiques, publiées publiquement online : y’en a p’tèt’ une nouvelle qui vous concerne! Un petit mail à tous-unil, ça prendrait quand même passablement trop de temps.
Sciences po: imposition des demandes de financement FNS en anglais.
Le FNS demande désormais aussi aux chercheurs/euses en sciences politiques de lui adresser leurs demandes de financement en anglais. Argumentaire: c’est because pour pouvoir s’adresser à un pool d’expert-e-s externes plus large. Il y a peut-être la langue dans laquelle on pense, mais let’s not forget qu’il y a surtout la langue globalisée dans laquelle on manage. Subissez, ou votre research design finit straight to the garbage. Any question?
UniSEP Biceps!
A l’UNIL, le Service institutionnel des gros bras (UniSEP, sécurité environnement prévention) remplace les privés de Securitas pendant la journée. Avec un bel uniforme tout neuf et brillant de proto-flic – il y aurait même une version «en civil». Admirez la marchandise ! Ah, on se sent en Sécurité dans cet Environnement Préventif, ya pas à dire. Maintenant qu’on a une police spéciale, on pourrait p’tèt’ songer à une armée. Ou à une milice d’étudiant-e-s volontaires, pourquoi pas. Avec les attentats qu’il y a dans le monde…