Lumières sur l’occupation à l’UNIL : Ne pas confondre les Lumières avec l’éclairage !

Les revendications du mouvement en bas!

Le mouvement étudiant qui occupe l’université de Lausanne est un mouvement décentralisé, démocratique et pacifique. Il a formulé collectivement des revendications claires et raisonnées. Face à cette intelligence collective qui se manifeste, la direction se cache dans le brouillard. Jeudi 2 mai, devant l’assemblée réunie autour de la table des négociations, elle s’était engagée à revenir aujourd’hui avec des réponses.

Cet engagement a été balayé, la direction s’étant désistée quelques heures avant la rencontre. Cherchant à neutraliser la dynamique profondément démocratique du mouvement, la direction a proposé de rencontrer une délégation de seulement six personnes dans un bureau calfeutré. Nous avons refusé car nous exigeons des négociations publiques, les modalités de la rencontre ayant été préalablement déterminées. En guise d’interlocuteur, nous avons reçu une réponse écrite, volontairement flou, aucune décision claire n’y étant formulée. De plus, nous sommes invités à rentrer chez nous dès ce soir.

Nous rejetons poliment l’invitation. Nous sommes chez nous, cette université appartient à ses étudiant.e.s qui s’y sentent bien, lui redonnent une couleur et une vie qu’elle avait perdue. Nous restons convaincu.e.s que l’université est capable de sortir du brouillard et de retrouver raison.

Lors de la représentation d’Emmanuel Macron et d’Alain Berset sur le campus, nos deux non-représentants politiques se sont gargarisés de la haute estime qu’ils se font des institutions académiques. Alors qu’ils invoquaient les grands principes humanistes de raison propres aux Lumières (Aufklärung) et l’importance de la Suisse dans leur déploiement, les bombes tombaient sur Gaza. Elles tombent toujours. Incapables d’admettre les faits et d’agir en conséquence, les deux « représentants » en représentation, ne prêtèrent pas attention aux signaux lumineux qui se manifestaient devant leur Cour. Les manifestant.e.s, qui faisaient tache dans les jardins, ont dû se contenter du poivre.

Une première fois, la direction s’est humiliée. Elle a laissé les forces de l’ordre réprimer le collectif alors en mouvement pour exprimer son refus face à l’arbitraire de la guerre et des massacres. Depuis lors, la Cour internationale de justice des Nations Unies reconnait qu’il y a un risque de génocide à Gaza. Toujours rien, la direction de l’UNIL reste silencieuse et aveugle. Non c’est faux, on détourne plutôt poliment le regard, la vue des cadavres mettant mal à l’aise. Il faut dire que ça les forcerait à agir en conséquence et à s’opposer à leur hiérarchie, à savoir nos politiques.

Aujourd’hui l’université menace d’entacher sa réputation une seconde fois si elle fait le choix de nous expulser. Il est vrai que depuis la crise énergétique post COVID et avec les impératifs écologiques, on s’est habitué à un éclairage réduit dans les bâtiments de l’UNIL …

Mais il ne faut pas confondre les Lumières avec l’éclairage.

Alors que la cacophonie médiatique et politique sème le brouillard sur les atrocités qui se passent à Gaza, nous pensons que l’université peut être un phare dans l’obscurité et qu’elle peut retrouver ses lettres de noblesse. Comme le stipule sa Charte : L’UNIL contribue à la formation de citoyennes et de citoyens humanistes, critiques et responsables, autonomes et solidaires, désireux de développer constamment leurs compétences et animés par la volonté du dépassement des acquis, tout au long de la vie.[1]

Nous sommes fier.ères de porter les valeurs de notre institution. Nous ne pouvons détourner le regard des cadavres. Nous nous devons d’agir.

A Gaza, c’est l’humanité qu’on assassine.

POUR RAPPEL
Les revendications que nous portons vis-à-vis de l’Université de Lausanne et au-delà :

• La transparence en ce qui concerne les collaborations en cours avec les institutions israéliennes, en d’autre termes l’élaboration d’une liste des partenariats liant de près ou de loin l’UNIL et Israël ;
• Le boycott académique des institutions israéliennes, c’est-à-dire l’arrêt de ces relations, qu’elles soient liées à la recherche, au financement ou encore aux échanges d’étudiant.e.xs, et ce, jusqu’à ce qu’un cessez-le-feu permanent soit instauré ;
• Une prise de position ferme et claire de la part de la Direction qui soit humainement solidaire du peuple palestinien et de leurs homologues de la communauté académique palestinienne ;
• Une politique proactive d’accueil et de soutien envers les étudiant.e.x.s et chercheur.euse.xs palestinien.ne.xs, similaire à ce qui avait été mis en place suite à l’intervention de l’armée russe en Ukraine.

Plus généralement, le mouvement étudiant cherche à sensibiliser l’ensemble du public sur la situation en Palestine et à interpeller nos autorités politiques afin d’exiger :

• Un cessez-le-feu immédiat et permanent dans tout le territoire palestinien, ainsi que l’accès facilité à l’aide humanitaire ;
• Le rétablissement immédiat des financements de l’UNRWA ;
• L’arrêt immédiat des collaborations militaires, diplomatiques, culturelles, économiques et évidemment académiques avec l’Etat d’apartheid israélien ;
• L’arrêt de la répression contre le mouvement de solidarité avec la Palestine ;
• La fin de l’occupation de la Palestine et le respect total du droit au retour du peuple palestinien !

[1] https://www.unil.ch/central/home/menuinst/organisation/documents-officiels/charte-unil.html